À propos des manuscrits hébreux

Évangiles Hébreux Mathieu 2
Évangiles Hébreux Mathieu 2

À l’exception de l’Évangile de Matthieu, l’idée que les autres Évangiles ou d’autres livres du Nouveau Testament aient été initialement écrits en hébreu reste une position minoritaire parmi les érudits. La plupart s’accordent pour dire que les livres qui composent le Nouveau Testament ont été écrits en grec. Cependant, plusieurs chercheurs et théologiens ont défendu la thèse d’une rédaction originelle en hébreu ou en araméen. Parmi eux, Jean Carmignac,[1] en se basant sur l’analyse de la version grecque de Marc et sur la facilité avec laquelle elle pouvait être retraduite en hébreu, a déclaré : « Je suis convaincu que le texte grec de Marc ne peut pas avoir été rédigé directement en grec, et qu’il n’est en réalité que la traduction grecque d’un original hébreu… ». Dans son introduction à sa traduction de la version Du Tillet de Matthieu, Hugh J. Schonfield[2] suggère également l’origine hébraïque ou araméenne de Matthieu, Marc, Jean et de l’Apocalypse.[3] Claude Tresmontant[4]  était lui-aussi persuadé que les Évangiles et le livre de l’Apocalypse avaient été écrits à l’origine en hébreu. Dans la préface de sa traduction des Évangiles, il affirme que les manuscrits subsistants à ce jour en langue grecque « sont en réalité des traductions littérales, mot à mot, de documents hébreux antérieurs ». C’est en comparant le texte hébreu de l’Ancien Testament avec la traduction grecque des Septante (LXX) que Tresmontant a constaté qu’il existait une correspondance constante entre l’hébreu et le grec.

Si ces érudits avaient eu accès aux manuscrits hébreux disponibles aujourd’hui, ils auraient sûrement été émerveillés par les nouvelles perspectives et les informations supplémentaires offertes par ces textes.

Évangiles Hébreux Marc
Évangiles Hébreux Marc

AUTHENTICITÉ D’UN MANUSCRIT HÉBREU

De toute évidence, nous ne pouvons pas simplement prendre n’importe quel manuscrit hébreu du Nouveau Testament, aussi intéressant ou exotique soit-il, et prétendre qu’il s’agit d’une copie de la version originelle. Une enquête approfondie est nécessaire pour nous assurer de l’authenticité du manuscrit. De plus, il est important de comprendre ce que signifie réellement le terme « authentique ».

Qu’est-ce qu’un manuscrit authentique du Nouveau Testament en hébreu ? Pour déterminer l’authenticité d’un manuscrit en hébreu, trois critères principaux doivent être pris en compte :

Origine linguistique unique : Un manuscrit authentique du Nouveau Testament en hébreu ne peut pas être dérivé des versions grecque, latine ou araméenne. En d’autres termes, après une comparaison minutieuse des textes hébreux, grecs, araméens et latins, un manuscrit authentique en hébreu doit se distinguer par sa singularité et ne pas être une simple traduction des versions classiques.

Caractéristiques linguistiques hébraïques : Un manuscrit authentique du Nouveau Testament en hébreu doit présenter des caractéristiques propres aux documents originellement écrits en hébreu. Cela comprend les jeux de mots en hébreu, la répétition de mots-clés, l’omission d’objets directs et de sujets explicites dans des contextes ambigus, ainsi que des différences manifestes qui démontrent que le texte grec est une mauvaise traduction. En analysant ces différences entre les versions hébraïque et grecque du Nouveau Testament, il est parfois possible de démontrer clairement que le texte original a mal été interprété par le traducteur.

Intégrité doctrinale et textuelle : Le texte d’un manuscrit authentique du Nouveau Testament en hébreu ne doit pas être corrompu. Par exemple, il ne doit pas contredire le Tanakh (l’Ancien Testament) ni nier que Yéshoua est le Messie.

En appliquant ces trois tests, nous pouvons évaluer l’authenticité des manuscrits du Nouveau Testament en hébreu et ainsi identifier ceux qui sont véritablement originaux.

Évangiles Hébreux Luc
Évangiles Hébreux Luc

LA SHEM TOV

La majorité des érudits s’accordent à dire que l’Évangile de Matthieu a été initialement écrit en hébreu. Cette affirmation est également soutenue par les pères de l’Église.[5] Les études linguistiques récentes des textes hébreux de Matthieu[6] ont fourni de nombreuses preuves supplémentaires de l’origine hébraïque de cet Évangile.

Jusqu’à présent, le texte hébreu de Matthieu le plus connu était la version de Shem Tov qui a fait l’objet de nombreuses études au cours des dernières décennies. Cette version comporte de nombreux hébraïsmes, des jeux de mots et des expressions en hébreu, ainsi que des mots-clés hébreux qui relient les différentes sections entre elles.[7] Elle résout plusieurs contradictions présentes dans le texte grec de Matthieu. Cependant, la version Shem Tov pose un problème majeur, car elle a été copiée par des individus qui rejetaient Yéshoua, en tant que Messie. Du point de vue de l’auteur de la Shem Tov, Yéshoua n’est pas le Messie. Bien que les démons appellent Yéshoua le Messie, que Yéshoua lui-même prétende être le Messie, et que Pierre affirme que Yéshoua est le Messie, l’auteur de la Shem Tov n’identifie jamais Yéshoua comme tel. Pas une seule fois. Il y a quatre passages dans la version grecque de Matthieu où l’auteur stipule explicitement que Yéshoua est le Messie, mais la Shem Tov élimine chacun de ces passages.[8]

Cette version présente également des contradictions insolubles. Par exemple, selon la Shem Tov, le jour avant la crucifixion de Yéshoua était « le premier jour de la fête des pains sans levain », tandis que le jour après la crucifixion était « le matin après le jour de la Pâque». Cette chronologie incorrecte dans le texte de la Shem Tov de Matthieu rend impossible la démonstration que Yéshoua est resté dans la tombe pendant trois jours et trois nuits.

Concrètement, cela démontre que la version Shem Tov de Matthieu ne répond pas au troisième critère d’authenticité. En revanche, le manuscrit Ebr. 100 du Vatican affirme clairement que Yéshoua est le Messie. C’est la première chose que l’on lit en Matthieu 1.1 :  Ze Sepher Toledot Mashiah – « Voici le rouleau des générations du Mashiah ».[9] En lisant le texte hébreu de Matthieu contenu dans le manuscrit Ebr. 100, on constate que celui-ci reconnaît Yéshoua comme le Messie beaucoup plus fréquemment que la version grecque de Matthieu. C’est pourquoi le troisième critère d’authenticité est primordial.

LE MANUSCRIT VAT. EBR. 100

Le manuscrit Vat. Ebr. 100, [10] utilisé dans la traduction de la Bible des Racines Hébraïques, appartient à une catégorie complètement distincte de celle de la Shem Tov. Ce manuscrit répond non seulement aux trois critères d’authenticité précédemment évoqués et assimile clairement Yéshoua au Messie, mais il déclare ouvertement que Yéshoua est le Fils d’El.[11] Il résout également de nombreuses questions et prétendues contradictions. Même si le texte du manuscrit Vat. Ebr. 100 semble avoir été conservé en catalan[12] et retraduit en hébreu, il regorge de preuves linguistiques montrant qu’il est impossible que ce texte hébreu dérive du grec, de l’araméen ou de la version latine de Jérôme, comme certains le prétendent.

Évangiles Hébreux Jean
Évangiles Hébreux Jean

La version catalane dont le manuscrit Vat. Ebr. 100 est probablement dérivé ne peut donc que provenir d’un manuscrit hébreu authentique. Les Évangiles grecs (traduits plus tard en latin) peuvent très bien provenir de traductions de manuscrits hébreux similaires à celui du Vat. Ebr. 100, mais il est impossible que le Vat. Ebr. 100 provienne du grec ou du latin. Des preuves linguistiques le démontrent très clairement.[13]

OBJECTIONS

Tous ceux qui aiment la Parole sont fascinés par les découvertes présentées dans ces manuscrits et bien que ces traductions aient suscité beaucoup d’enthousiasme, elles ont également rencontré un scepticisme important. Certains se sont même farouchement opposés à notre travail et à ces Évangiles hébreux. Ceux qui nient l’authenticité du manuscrit Ebr. 100 du Vatican mettent généralement en avant trois objections principales. Regardons ces objections de plus près.

Première objection : Un seul manuscrit ne peut pas être authentique.

Les critiques avancent que, contrairement aux dizaines de milliers de manuscrits grecs du Nouveau Testament, l’existence d’un seul manuscrit hébreu prouve nécessairement sa faible importance. En réalité, cet argument est fallacieux. Il existe bien plus de Bibles en anglais que de manuscrits grecs. Cela ne prouve pas que l’anglais est le texte originel du Nouveau Testament et que le grec en est une traduction secondaire. De même, il y a des millions de Bibles anglaises de l’Ancien Testament, mais seulement des milliers de manuscrits hébreux. Cela prouve-t-il que l’Ancien Testament a été écrit en anglais ? Bien sûr que non ! La popularité d’une traduction ne détermine pas l’originalité d’un texte. Il est logique qu’il y ait moins de copies en hébreu, car il y avait proportionnellement moins de Juifs messianiques au Moyen Âge pour copier le Nouveau Testament hébreu que de chrétiens grecs. Le nombre de manuscrits ne permet pas de déterminer lequel est l’original.

Deuxième objection : Le manuscrit vient de la Bibliothèque du Vatican, il doit donc être falsifié.

Certains prétendent que ce manuscrit est une invention du Vatican pour nous tromper. Cette accusation repose sur des soupçons plutôt que sur des preuves. La provenance d’un manuscrit ne devrait pas en déterminer l’authenticité. Une analyse approfondie et des preuves internes sont nécessaires pour évaluer la légitimité d’un texte, indépendamment de son lieu de conservation.

Troisième objection : La présence de noms catalans prouve son inauthenticité !

Les critiques disent que l’inclusion de noms catalans démontre l’inculture des scribes hébreux et remet en question la fiabilité du manuscrit. Cependant, l’apparition de noms catalans peut simplement refléter l’époque et le lieu de la copie sans nécessairement affecter l’intégrité du texte hébreu original.

Chacune de ces objections peut être réfutée sur la base des preuves internes du manuscrit Ebr. 100. Cependant, cela n’est plus nécessaire, car nous avons désormais accès à plusieurs copies des Évangiles hébreux des Séfarades, ce qui facilite grandement la réfutation de ces objections. La présence de traditions textuelles hébraïques du Nouveau Testament est désormais attestée par quatre manuscrits hébreux : le manuscrit Vat. Ebr. 100 qui contient les quatre Évangiles dans la version séfarade, les manuscrits Breslau 233, St Petersburg A 207 et NLI 8°751 qui comprennent respectivement les Évangiles de Marc, Luc et Jean. Par ailleurs, il y a aussi le manuscrit Shem Tov de Matthieu.

Les arguments contre l’authenticité des Évangiles hébreux ne tiennent pas compte de la logique et des preuves disponibles. L’argument principal selon lequel le nombre de manuscrits détermine l’originalité est particulièrement fallacieux. Il est crucial d’évaluer les manuscrits sur la base de leur contenu et de leur contexte historique plutôt que sur des préjugés ou des suppositions infondées. C’est précisément ce que nous avons fait et c’est pourquoi nous pouvons affirmer avec assurance que les Évangiles hébreux des Sépharades (Espagne) figurent parmi les versions les plus fascinantes et surprenantes des Évangiles que nous connaissons.

LES MANUSCRITS Oo.1.16 ET Oo.1.32

Évangiles Hébreux Apocalypse 1.5
Évangiles Hébreux Apocalypse 1.5

En 1806, Claudius Buchanan arrive dans le sud de l’Inde pour une expédition missionnaire. En plus de ses efforts pour atteindre le peuple hindou, Buchanan souhaite également apporter l’Évangile aux Juifs d’Inde. À son arrivée, Buchanan découvre une importante population juive dans la région et deux synagogues. Buchanan écrit : « Depuis que je suis arrivé parmi ces gens, j’ai beaucoup réfléchi à l’Évangile et à la possibilité d’obtenir une version du Nouveau Testament en hébreu afin de la faire circuler parmi les Juifs et leurs frères de l’Est ».[14] Il apprend avec surprise que les Juifs de Cochin possèdent déjà l’intégralité du Nouveau Testament en hébreu.[15]

Il est important de noter que ce Nouveau Testament en hébreu a été compilé à partir de divers textes sources.[16] Par exemple, les Évangiles ont été traduits à partir du syriaque, tandis que l’épître aux Hébreux n’était pas une nouvelle traduction, mais une simple copie d’un livre imprimé plus ancien. En revanche, les manuscrits hébreux de l’Apocalypse, ainsi que des épîtres de Jacques et Jude, ne provenaient pas de traductions de sources connues.[17]

La première partie du Ms Oo.1.16, écrite dans un script semi-cursif, contient le livre des Actes jusqu’à Éphésiens. La deuxième partie, écrite sur cinq folios[18] dans une toute petite écriture cursive, contient l’ensemble du livre de l’Apocalypse. Le Ms Oo.1.32, écrit dans plusieurs variantes de cursif (par deux scribes ou plus) contient presque tous les livres du Nouveau Testament (de Matthieu à Jude). Plusieurs notes en hébreu d’anciens lecteurs apparaissent tout au long des manuscrits. La plupart de ces notes sont neutres[19] ou négatives,[20] mais elles comportent malgré tout quelques commentaires positifs.[21] Il est également important de souligner que les scribes qui ont copié les manuscrits hébreux du Nouveau Testament de Cochin n’ont pas supprimé les passages où les auteurs originaux faisaient référence à Yéshoua en tant que Messie.[22]

Évangiles Hébreux Jude 1.1
Évangiles Hébreux Jude 1.1

Des preuves inhérentes au texte montrent que les livres de ces deux manuscrits ne proviennent pas tous de la même source. La plupart des livres contenus dans les Ms Oo.1.16 et Oo.1.32 ne contiennent pas les marques d’authenticité attendues de copies fidèles d’originaux hébreux. Au contraire, beaucoup[23] de ces livres ressemblent à la Peshitta[24] araméenne (syriaque). Certains contiennent également des mots araméens (ou de racine araméenne) basés sur la Peshitta, mal traduits en hébreu.[25]

Ce n’est pas le cas des textes hébreux de l’Apocalypse, de Jacques et de Jude. Ces trois manuscrits contiennent de nombreuses différences par rapport aux versions grecques, latines et araméennes. Ils présentent également de nombreuses preuves linguistiques d’authenticité, auxquelles on peut s’attendre de copies authentiques d’originaux hébreux. On note, par exemple, l’omission de sujets et d’objets directs, des jeux de mots particuliers en hébreu, l’ordre inversé de certains mots, l’emploi de mots-clés en hébreu qui relient les sections entre elles, etc. On peut également relever des différences dans le texte qui indiquent des erreurs de traduction dans la version grecque.[26]

Les manuscrits hébreux du livre de l’Apocalypse et des épîtres de Jacques et de Jude ne contiennent pas les nombreux araméismes basés sur la Peshitta que l’on retrouve dans la plupart des autres livres des Ms Oo.1.32 et Oo.1.16.[27] En aucun cas, ils ne peuvent être considérés comme des traductions de versions grecque, latine ou araméenne.

Évangiles Hébreux Jacques 1
Évangiles Hébreux Jacques 1

Une seconde copie manuscrite de l’Apocalypse, de Jacques et de Jude en hébreu est préservée dans le manuscrit Gaster Hebrew 1616 à la bibliothèque de l’université de Manchester.[28] Cette copie effectuée directement à partir des Mss Oo.1.32 et Oo.1.16 contient quasiment le même texte que les deux manuscrits précédents.

Nous ne traitons pas ici des nombreuses preuves textuelles provenant des quatre Évangiles, des épîtres de Jacques et de Jude, ainsi que du livre de l’Apocalypse. Nous vous invitons à consulter les deux volumes de la Bible des Racines Hébraïques, qui comprennent les transcriptions des textes hébreux. Les introductions présentent de nombreuses preuves d’authenticité, notamment des correspondances uniques avec les plus anciens manuscrits grecs.


[1] L’abbé Jean Carmignac (1914-1986) est un prêtre catholique séculier français qui a consacré sa vie à l’étude des manuscrits de Qumrân et des textes des Évangiles. Il est l’auteur de plusieurs études d’exégèse biblique.

[2] Hugh Joseph Schonfield (1901-1988) était un spécialiste britannique de la Bible, spécialisé dans le Nouveau Testament et les débuts de la religion et de l’Église chrétiennes.

[3] Cité dans The Birth of the Synoptic Gospels, traduit du français par Michael J. Wrenn.

[4] Claude Tresmontant (1925-1997) est connu pour ses travaux en philosophie des sciences, en théologie et pour ses études sur les textes bibliques. Il a publié plusieurs ouvrages, dont Les Évangiles et le problème de leur origine (1984). Dans ce livre, il examine les Évangiles à travers le prisme des langues sémitiques et propose que les textes grecs actuels sont des traductions d’originaux hébreux.

[5] Papias, Irénée, Origène, Eusèbe et Jérôme déclarent tous que l’Évangile de Matthieu a initialement été écrit en hébreu. Pour les références, voir par exemple l’AENT (Aramaic English New Testament) 5ème édition 2012 : Netzari Press, pp. 12, 13 ; et the Hebrew Gospel of Matthew de George Howard, 1995 : Mercer University Press, pp. 155, 156.

[6] Parmi les textes hébreux de Matthieu, on retrouve les versions de Shem Tov, Du Tillet et de Munster.

[7] Voir par exemple The Hebrew Gospel of Matthew de George Howard, 1995 : Mercer University Press, pp. 184 – 190.

[8] Dans la version grecque de Matthieu, l’auteur lui-même identifie Yéshoua comme étant le Messie dans quatre passages différents : En Matthieu 1.1 ; 1.17 ; 1.18 et 11.2, alors que dans la Shem Tov, Matthieu ne fait jamais référence à Yéshoua en tant que Messie du point de vue de l’auteur lui-même.

[9] L’expression « voici les générations » (ze sepher toledot) apparaît plusieurs fois dans le livre de la Genèse (cf. Genèse 5.1 ; 6.9 ; 10.1 ; 11.10,27 ; 25.12,19 ; 36.1 ; 37.2).

[10] http://digi.vatlib.it/view/MSS_Vat.ebr.100/

[11] Le mot El est le diminutif du mot Elohim/Dieu.

[12] En fonction de la technique de traduction employée, l’hébreu peut très bien être conservé dans une autre langue, en conservant sa teneur originelle. La traduction grecque de l’Ancien Testament par Aquila en est un bon exemple, si nous la comparons à la traduction grecque des Septante. La traduction des Septante paraphrase souvent l’hébreu originel et emploie plusieurs mots grecs pour traduire un même mot hébreu. Parfois, un seul mot grec est employé pour traduire plusieurs mots hébreux. En outre, la Septante fournit des prépositions, etc. Selon la grammaire grecque, la Septante change parfois l’ordre des mots pour qu’ils soient lisibles en grec, et elle fournit souvent le sujet. Ainsi, lorsque l’on tente de retraduire la Septante grecque en hébreu, même les érudits les plus expérimentés sont souvent en désaccord sur la façon de retraduire un mot grec particulier en hébreu. Le texte hébreu originel derrière la traduction de la Septante ne peut donc pas être récupéré avec certitude et précision. En revanche, la traduction d’Aquila qui a été faite mot à mot est une traduction très exacte, très littérale. L’encyclopédie juive affirme : « La caractéristique principale de la version d’Aquila est son hyper littéralité. Son objectif principal était de rendre l’hébreu en grec mot à mot, sans aucun égard pour l’idiome grec. Un même mot grec est régulièrement employé pour un même hébreu, même si l’effet est incongru ». En fait, la traduction d’Aquila est tellement littérale que dans de nombreux cas, elle n’a pas beaucoup de sens en grec ! Cette traduction hyper littérale a préservé le Tanakh hébreu beaucoup plus efficacement que la traduction des Septante, et l’encyclopédie juive affirme que « l’on peut reconstituer avec certitude le texte hébreu original sous-jacent à la traduction d’Aquila ». Il en est de même avec le manuscrit Vat. Ebr. 100. En étudiant le Vat. Ebr. 100, nous voyons de nombreux exemples où le texte hébreu a été très bien préservé par le processus de traduction hébreu > catalan > hébreu.

[13] Voir les introductions de chaque Évangile disponibles sur le site des Éditions Sh’ma, où ces preuves sont documentées de manière détaillée. Vous y trouverez une analyse approfondie et des références spécifiques qui soutiennent ces affirmations.

[14] Citation de Claudius Buchanan tirée de son ouvrage Christian Researches in Asia, publié en 1811.

[15] Malheureusement, ces deux manuscrits n’ont pas suscité beaucoup d’intérêt parmi les érudits au cours des 200 dernières années, depuis qu’ils ont été apportés au Royaume-Uni.

[16] Comme nous l’expliquons ci-dessous, seuls l’Apocalypse, Jacques et Jude présentent des preuves évidentes d’authenticité. Les autres livres du Nouveau Testament contenus dans ces deux manuscrits ont été compilés/traduits à partir d’au moins trois sources différentes.

[17] Aujourd’hui, ces manuscrits sont conservés à la bibliothèque de l’Université de Cambridge sous les noms de Ms. Oo.1.16 et de Ms. Oo.1.32

Voir HebrewGospels.com/revelation pour voir les photos en couleur des folios concernés du Ms Oo.1.16.

Pour voir des photos en couleurs de plusieurs folios du Ms Oo.1.32 : Hebrewgospels.com/francais/autre-nt/jacques.

[18] Écris des deux côtés – ms. Oo.1.16, folios 102r – 106v.

[19] Exemple : notes contenant un résumé de plusieurs versets, une référence à des passages correspondants dans l’Ancien Testament, notes corrigeant des erreurs (évidentes ou apparentes).

[20] Exemple : en Apocalypse 7.10, un lecteur ajoute le commentaire suivant : קשה (difficile !).

[21] Exemple : en Apocalypse 21, un lecteur commente, “טוב” “טוב” “זה פרק טוב מאד” (« ce chapitre est excellent ! Excellent ! Excellent ! »). La note suivante apparaît en Apocalypse 15.3 : “זה הרבה טוב שהקדים למשה” (« Excellent, car zélé pour Moïse », ou peut-être « C’est très bien qu’il ait été zélé pour Moïse »).

[22] Dans les manuscrits hébreux du Nouveau Testament de Cochin, le mot « Messie » est moins fréquent que le mot « Christ » dans le Nouveau Testament grec, mais il n’y a pas de volonté d’effacer les passages où les auteurs font référence à Yéshoua comme étant le Messie (Voir par exemple Apocalypse 1.1 ; Jacques 1.1 ; Jude 1.1).

[23] L’Évangile de Matthieu et les épîtres jusqu’à Éphésiens font partie de ce groupe de traductions de l’araméen (syriaque). Les épîtres de Philippiens à Philémon, ainsi que les épîtres de Pierre et de Jean proviennent d’un texte source différent, mais ne présentent pas non plus de preuves d’authenticité. L’Épître aux Hébreux a été copiée à partir de la traduction de Friderico Alberto Christiano (publiée en 1734). Seuls l’Apocalypse, Jacques et Jude présentent des preuves évidentes d’authenticité.

[24] Exemple : là où le MS Oo.1.32 (et le Ms Oo.1.16, le cas échéant) s’accorde avec la Peshitta contrairement à d’autres versions, voir Matthieu 18.22 (la Peshitta indique « soixante-dix fois sept sept ») ; Matthieu 28.18 (la Peshitta ajoute « comme le Père m’a envoyé… ») ; Marc 3.6 (la Peshitta précise : « la maison d’Hérode ») ; Marc 4.38 (la Peshitta ajoute « et ils vinrent ») ; Marc 15.38 (la Peshitta précise « la porte du temple ») ; Luc 1.11 (la Peshitta ajoute « à Zacharie ») ; Luc 1.17 (la Peshitta ajoute « prophète ») ; Luc 1.42 (la Peshitta ajoute « à Mary ») ; Jean 3.2 (la Peshitta précise « tu as été envoyé ») ; Actes 2.30 (Peshitta : « Je ferai asseoir ») ; Actes 8.9 (la Peshitta ajoute « moi, je suis grand ») ; Actes 8.25 (la Peshitta précise « la parole de Dieu ») ; Romains 5.7 (la Peshitta ajoute « mourir pour les méchants ») ; 2 Corinthiens 6.2 (la Peshitta emploie le mot « vie » à la place du mot « salut ») ; Galates 1.1 (la Peshitta ajoute « la maison des morts ») ; Éphésiens 4.29 (la Peshitta précise « parole odieuse ») ; etc.

[25] L’hébreu post-exil (comme celui que l’on retrouve dans les livres d’Esdras et de Néhémie) contient des mots araméens. Toutefois, ici, la liste suivante d’aramaïsmes inhabituels basés sur la Peshitta dans le manuscrit Oo.1.32 (et Oo.1.16, le cas échéant) est si importante qu’elle laisse à penser un sous-texte araméen et/ou une traduction incomplète : “משיחא” à la place de “המשיח” (Matthieu 1.1 ; 1.16) ; “להון” à la place de “להם” (Matthieu 2.8) ; “מריה” à la place de “יהוה” ou “אדני” etc. (Matthieu 2.13) ; “טובתהון” à la place de “אשריהם” (Matthieu 5.3) ; “מרי מרי” à la place de “אדני אדני” (Matthieu 7.21) ; “ליה” à la place de “לו” (Marc 1.13) ; “לן” à la place de “לנו” (Marc 1.24) ; “מלאכה” à la place de “המלאך” (Luc 1.11) ; “בפרצופו” à la place de “לפני” (Luc 2.31) ; “ליה” à la place de “לו” (Jean 2.3) ; “מעמד” à la place de “מטביל” (Jean 3.22,23) ; “העמיד” à la place de “הטביל” et “תעמדו” à la place de “תטבלו” (Actes 1.5) ; “קודסא” à la place de “הקודש” (Actes 1.5 ; 1.8) ; “כהנא” à la place de “הכהנים” (Actes 9.2) ; “ידעינן” à la place de “אנחנו יודעים” (1 Corinthiens 8.4) ; “אכסנא” à la place de “נכרים” (Éphésiens 2.12) ; “מרן” à la place de “אדונינו” (Éphésiens 6.21,23), etc.

[26] Voir l’introduction de la BRH Apocalypse, Jacques, Jude – Manuscrits hébreux pour une analyse en profondeur et des preuves documentées.

[27] L’hébreu post-exil comporte certains mots araméens. Contrairement à la première partie du manuscrit, les quelques mots araméens qui apparaissent dans le livre de l’Apocalypse et dans les épîtres de Jacques et de Jude ne correspondent pas aux formes retrouvées dans la Peshitta. Par exemple, Apocalypse 8.1 emploie l’expression araméenne biblique “כשעה חדא” qui indique « un moment » plutôt qu’une « heure ».

[28] Pour voir des photos en couleurs de plusieurs folios du Gaster 1616 : Hebrewgospels.com/francais/autre-nt/apocalypse (ou/jacques ou/jude).

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