LES ÉVANGILES HÉBREUX : JEAN

Évangiles Hébreux Jean
Évangiles Hébreux Jean

Les Évangiles hébreux des Sépharades[1] contenus dans le manuscrit Ebr. 100 du Vatican sont les versions les plus intéressantes et les plus étonnantes des Évangiles que nous connaissons. Elles sont truffées d’empreintes qui apportent un éclairage nouveau sur le sens profond des enseignements de Yéshoua.[2] Ces versions contiennent souvent des réponses à des passages difficiles et contradictoires et nous aident à comprendre que les Évangiles ont premièrement été rédigés en hébreu pour les Juifs, puis plus tard traduits en grec pour les non-Juifs.

Nous examinerons ci-dessous quelques preuves qui démontrent que ce texte hébreu de Jean est authentique. Nous verrons de nombreux indices qui montrent que cette version est issue du texte hébreu originel et non de versions grecque, araméenne ou latine.

La plupart des érudits de la Bible pensent que l’Évangile de Jean a été écrit en grec pour évangéliser le monde païen hellénophone. Ils croient aussi que l’Évangile de Jean n’a pas pu être écrit à l’origine en hébreu pour le Juif en premier. Un des arguments avancés est l’emploi du mot logos – qui apparaît à trois reprises dans Jean 1.1. D’après les érudits, ce n’est pas un hasard et l’emploi de ce mot particulier démontre la suprématie de la langue grecque employée par Jean pour attirer les païens parlant grec vers l’Évangile.

Or, il s’avère que l’Évangile hébreu de Jean n’emploie pas le mot logos ni un mot de cette famille. Au contraire, le texte hébreu emploie à trois reprises le mot ben. Le mot ben – qui signifie « fils » – est un titre fréquemment employé pour désigner le Messie dans le Tanakh.[3] Avant d’aller plus loin, il est important d’avoir en tête la signification du mot hébreu Mashiah/Messie. Le mot Mashiah signifie littéralement « oint ou consacré » et fait référence à un roi, un prophète ou à un sacrificateur qui est oint pour sa mission. Yéshoua Mashiah – « Jésus Christ » – le Fils, a été oint par son Père comme Prophète, Roi et Souverain Sacrificateur éternel. Le Tanakh contient de nombreuses prophéties sur le Fils. Voici deux exemples :

Psaume 2.6-12 : « Et moi, j’ai consacré mon Roi sur Tsion, ma montagne sainte… יהוה m’a dit : Tu es mon Fils… Embrassez le Fils, qu’il ne s’irrite, et que vous périssiez… Bénis, tous ceux qui se réfugient en lui ».[4]

Isaïe 9.6-7 : « Car un enfant a été enfanté pour nous, un Fils nous est donné et la souveraineté est sur son épaule, et on appellera son nom Merveilleux, Conseiller, Puissant El,[5]  Père pour toujours, Prince du shalom. Pour l’abondance de la souveraineté et pour le shalom sans fin, sur le trône de David et sur son royaume, pour l’affermir et pour le soutenir par le droit et par la justice, désormais et pour l’éternité… » [6]

Il existe de nombreuses promesses similaires concernant David et, plus particulièrement, le Fils de David.[7] David et son fils Salomon constituent l’accomplissement initial de ces promesses, mais tous les érudits s’accordent pour dire que le Messie sera l’accomplissement ultime des promesses faites à David et à ses descendants. Le terme « fils de David » est utilisé à travers les Écritures pour désigner le Messie à venir.

Au premier siècle, le peuple juif anticipait la venue du Fils (le Messie), c’est pourquoi l’Évangile hébreu de Jean commence par le mot-clé hébreu, Fils :

Jean 1.1 : « Au commencement était le Fils d’Eloah.[8] Le  Fils  d’El était à la fois avec El et le Fils d’El était Eloah ».[9]

Le changement du mot « Fils » par le mot Logos (généralement traduit par « Parole ») dans la traduction grecque de Jean a probablement été intentionnel en vue d’attirer les païens hellénophones, en reprenant ce mot bien spécifique dans ces premiers versets de l’Évangile. Au final, ce choix de mot dans la traduction grecque a obscurci le sens premier du texte. On entend souvent dire que l’Évangile de Jean est l’Évangile qui décrit Yéshoua comme le Fils d’Elohim.[10] Et cela est vrai. Vers la fin de son Évangile, Jean indique clairement le but de la rédaction de son Évangile :

Jean 20.31 : « … ceux-ci ont été écrits afin que vous puissiez croire que Yéshoua Mashiah est le Fils d’El… ».[11]

L’auteur explique lui-même que son Évangile a été écrit pour convaincre les hommes que Yéshoua est le Fils – alors quoi de plus naturel que dès le commencement le mot Ben/Fils apparaisse à trois reprises ?

Les Juifs qui rejettent Yéshoua en tant que Messie affirment souvent que le Nouveau Testament enseigne une nouvelle religion avec un nouveau « dieu », ce qui est contraire à la Torah. Or, cela n’est pas le cas. Au début de l’Évangile de Jean, Yéshoua n’est pas un nouveau « dieu » ni un être humain « normal » comme David ou Salomon : il est le Fils (Messie) qui existe dès le commencement. Il n’est pas seulement le Fils d’Elohim, mais il est aussi le Créateur, et il est lui-même Elohim, depuis le commencement.

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Une autre question se pose lorsque nous lisons la traduction grecque de Jean 1.11-12 :

« Elle [la Parole] est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue. Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu…… »[12]

Ce passage (traduit du grec) peut laisser sous-entendre que l’Évangile de Jean n’a pas été écrit pour les siens (à savoir le peuple d’Israël – qui n’a pas reçu la « Parole »), mais pour d’autres – « ceux qui l’ont reçue ». Cette traduction alimente la théologie du remplacement en établissant une distinction entre les siens (Israël) et ceux qui l’ont reçue (sous-entendu les non-Juifs), comme si aucun Juif n’avait reçu Yéshoua.

Il n’est pas rare d’entendre dans le christianisme que les Juifs ont rejeté Yéshoua et que ceux-ci ne font donc plus partie du plan d’Elohim. Il est désormais question de « l’Église » (composée majoritairement de Gentils) et les Juifs ne font plus partie du tableau. Est-ce là le sens de Jean 1.11-12 ? C’est ce que sous-entend le texte grec et cela n’est pas encourageant pour les lecteurs juifs.

En réalité, de nombreux Juifs ont reçu Yéshoua,[13] mais la majorité du monde entier – Juifs et non-Juifs – l’ont rejeté. C’est exactement ce que dit le texte hébreu de l’Évangile de Jean :

Jean 1.10-11: « … Mais le monde ne le reconnaît pas ni la puissance de ses paroles – même ceux qui ne le reçoivent pas.[14]

Si l’on compare la traduction de l’hébreu ci-dessus avec les traductions dérivées du grec, on constate que l’Évangile hébreu de Jean ne dit pas que les siens ont rejeté Yéshoua. Il affirme simplement que le monde ne le reconnaît pas. L’antisémitisme et la théologie du remplacement sous-entendus dans le texte grec de Jean 1.11-12 sont totalement absents du texte hébreu.

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Qu’en est-il de Jean 1.14 ? Dans la version grecque,[15] il est clairement dit que Yéshoua « a habité parmi nous » – c’est-à-dire, les Juifs. Cela peut laisser entendre que l’auteur écrit à d’autres personnes, et non pas seulement à son peuple, au sein duquel Yéshoua a habité :

Jean 1.14 (traduit du grec): « Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous… ».

Est-ce là une preuve supplémentaire que l’Évangile de Jean a été écrit à l’origine en grec pour les non-Juifs ? Fait intéressant, la version hébraïque de Jean dit exactement le contraire !

Jean 1.14 : « Et ainsi El s’est fait chair et a habité parmi vous ».[16]

Le texte hébreu de l’Évangile de Jean emploie le pronom « vous » à la place de « nous ». Jean a donc bien été écrit pour le peuple au sein duquel Yéshoua a habité – c’est-à-dire les Juifs ! Lorsqu’il est venu sur terre, Yéshoua n’a pas habité parmi les païens grecs.

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Avez-vous remarqué dans le verset ci-dessus que Yéshoua est appelé El ? Nous voyons cela à nouveau au verset 29 :

« Et le jour suivant, Yohanan vit Yéshoua qui venait vers lui ; et il dit : Voici, c’est El… »[17]

« El » est la forme abrégée du mot hébreu « Elohim ».[18] Dans certains milieux, la divinité de Yéshoua fait l’objet de débats stériles pour savoir s’il est Elohim ou non. Le texte hébreu de l’Évangile de Jean démontre clairement dans plusieurs versets explicites (plus que dans la version grecque) que Yéshoua est Elohim. Voir par exemple les versets  suivants dans le texte hébreu : Jean 1.1,3,10,14-15,18,29 ; 3.33.

Rappelez-vous, d’après le Tanakh, le seul véritable Elohim est le Créateur :

Psaumes 96.5 : « Car tous les elohim des peuples sont[19] des idoles[20] ; et c’est יהוה qui a fait les cieux ».[21]

C’est pourquoi Jean consacre les premiers versets à expliquer que Yéshoua est le Créateur, car s’il ne l’était pas, il ne pourrait pas être El.

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Saviez-vous que le Psaume 96.5 contient un jeu de mots en hébreu ? Les jeux de mots et les paronomases[22] sont typiques des documents écrits hébreux originaux. Ils sont très courants dans le Tanakh et donnent au texte beauté et caractère.

Un mot dans le texte hébreu peut être répété deux ou plusieurs fois dans un passage, parfois avec un changement de sens. Des mots avec une même consonance peuvent être utilisés (voir ci-dessous). La plupart du temps, ces jeux de mots dans le texte originel hébreu disparaissent dans les traductions.

Dans les traductions françaises, le Psaume 96.5 ne contient pas de jeu de mots. Les mots « dieux », « peuples (ou nations) » et « idoles » ne se ressemblent pas du tout. Ce n’est pas le cas en hébreu : ils se ressemblent et forment un jeu de mots intéressant :

Psaume 96.5 : « Col Elohei Ha-Amim Elilim… »[23]

Le mot hébreu elilim est employé comme terme péjoratif pour désigner les faux dieux (elohim) des païens. Elohei signifie « l’elohim de ». Les mots elohei (elohim) et elilim riment, mais leur sens est différent. Nous avons affaire à deux opposés. Elohim signifie « puissant(s) » et elilim signifie « faible, rien ». L’utilisation de elilim (quelque chose sans valeur) pour décrire elohei ha-amim (les dieux des peuples) est un jeu de mots qui se moque de la vanité des faux dieux.

Tout comme en français, ce jeu de mots est également perdu dans la traduction grecque de la Septante :

Psaume 96.5 : « Pantes hoi theoi ton ethnon daimonia… »[24]

Même si certains jeux de mots hébreux peuvent être récupérés en retraduisant une traduction grecque de l’original hébreu, en hébreu[25] – l’Évangile hébreu de Jean présente des jeux de mots qui sont non seulement absents de la version grecque, mais qui ne peuvent pas non plus être retrouvés en retraduisant du grec à l’hébreu.

Jean 11.2 contient un excellent exemple d’un tel jeu de mots en hébreu. Ce verset ne contient aucun jeu de mots en grec, en araméen, en latin ni dans les traductions hébraïques faites à partir du texte grec. Voici la translittération de Jean 11.2 pour faciliter la comparaison :

Textus Receptus grec[26] : « … he aleiphasa ton Kurion muro… »

Peshitta araméenne[27] : « … dein avait iteih hai demeshchat bevesma reglawhi de Yeshua… »

Vulgate latine : « … autem erat quæ unxit Dominum pommade… »

Hébreu traduit à partir du texte grec[28] : « … asher mashcha et ha-Adon beshemen hamor… »

Hébreu authentique (Vat Ebr. 100) [29] : « … shemashcha [Yeshua][30] mashiach bimshichah… »

Comme nous pouvons le voir, la seule version qui rime est celle que l’on trouve dans le manuscrit Vat. Ebr. 100 ! Si l’on essayait de conserver le jeu de mots en français, voici comment ce passage pourrait se traduire  : « …qui a oint Yéshoua le Oint avec de l’onction… ».

Contrairement aux traductions hébreux de « seconde main » (c’est-à-dire de traductions en hébreu effectuées à partir du texte grec, comme par exemple celles de Franz Delitzsch, de  Dalman/Delitzsch ou de Salkinson/Ginsburg), dans cette version originelle, les mots « oint », « Messie » et « onction » proviennent tous de la même racine hébraïque mashach. Ces mots forment ainsi une magnifique rime interne :

Racine :             משח    mashach

Elle a oint :     משחה      mashchah

Messiah :           משיח    mashiach

Onction :          משיחה    meshichah

Cette triple répétition de la racine mashach démontre clairement l’authenticité du manuscrit hébreu de l’Évangile de Jean. Cette rime ne se retrouve pas dans les versions grecque, araméenne et latine, et il est impossible de la récupérer en retraduisant l’une de ces versions en hébreu. L’idée qu’une rime interne hébraïque aussi belle soit le produit d’une corruption textuelle et de traductions répétées du grec au latin, du catalan à l’hébreu est totalement improbable, voire ridicule. Cette rime n’aurait jamais existé si le manuscrit Vat. Ebr. 100 n’était pas issu du texte hébreu originel.

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On retrouve un autre bel exemple de jeu de mots en hébreu dans Jean 1.10. Bien que dans cet exemple, les textes hébreu et grec répètent trois fois le même mot, la phrase en hébreu est différente et forme ainsi un jeu de mots qui n’existe pas en grec.

Le mot hébreu employé trois fois est le mot olam. Dans le Tanakh, olam signifie le plus souvent « éternité » ou « perpétuel », mais dans l’hébreu du premier siècle, ce mot pouvait également signifier « le monde ». Dans la version grecque, les trois occurrences du mot olam sont traduites par le mot kosmos qui signifie « l’univers » ou « le monde ». Le mot kosmos ne fait jamais référence à l’éternité. Ainsi, dans la version grecque, le même mot apparaît trois fois avec la même signification :

« Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue ».[31]

Cependant, dans Jean 1.10 en hébreu, on constate un changement de sens entre les première, deuxième et troisième utilisations du mot olam :

« Il est éternel (olam) ; et le monde (olam) a été fait par lui ; mais le monde (olam) ne le reconnaît pas…. »[32]

Le texte hébreu ne dit pas que le Fils était « dans le olam », mais plutôt qu’il est olam. Cela fait une grande différence dans la signification du mot olam – car de toute évidence, Yéshoua n’est pas « monde », mais « éternel » !

Cela nous renvoie à Jean 1.1 qui déclare que le Fils d’Eloah existait déjà au commencement – il a toujours existé.[33] Ainsi, dans le manuscrit hébreu, la première occurrence du mot olam signifie « éternel », la deuxième occurrence pourrait signifier « monde », « éternité », voire même les deux, car il arrive que certains jeux de mots hébreux impliquent un double sens d’un mot particulier.[34] La troisième occurrence de olam dans Jean 1.10 signifie uniquement « monde ». Il s’agit d’un jeu de mots hébreu particulier avec un changement progressif du sens du mot répété.

Ce jeu de mots hébreu est perdu dans la version grecque, car le grec utilise des mots différents pour « monde » et « éternel ». De plus, le ou les traducteurs/rédacteurs grecs ont ajouté la préposition « dans » pour essayer de donner un sens à l’expression « il est olam », qu’ils ont probablement mal comprise en la traduisant par « monde ». Étant donné que la préposition « dans » a été ajoutée dans la traduction grecque, il n’est pas possible de retrouver le sens et le jeu de mots initial en traduisant ce texte (ou toute autre version basée sur le grec) en hébreu.[35] Cela indique très clairement que ce manuscrit hébreu de Jean est authentique et qu’il provient du texte hébreu originel.

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Une question intrigante se pose lorsque nous comparons les différents récits de la mort et de l’enterrement de Yéshoua, tels qu’ils sont rapportés dans les quatre Évangiles basés sur le grec. Pourquoi les femmes ont-elles eu besoin d’oindre le corps de Yéshoua une seconde fois, alors que Joseph d’Arimathie et Nicodème l’avaient déjà oint trois jours auparavant ?

Matthieu, Marc et Luc rapportent tous que le corps de Yéshoua a été enterré juste avant le coucher du soleil, et que les femmes ont vu où et comment son corps avait été enterré. Jean rapporte que Joseph et Nicodème ont apporté cent livres d’onguent et ont oint le corps de Yéshoua.

Or, d’après les informations trouvées dans les Évangiles grecs, les femmes étaient censées savoir que Yéshoua avait déjà été oint, puisque tout indique qu’elles étaient présentes lors de son enterrement. La question est donc de savoir pourquoi les femmes ont eu besoin de revenir pour oindre Yéshoua, une seconde fois, plus de 72 heures après son enterrement.

Le texte hébreu de l’Évangile de Jean apporte la réponse à cette question ! Il explique que Yéshoua n’a été oint par Joseph et Nicodème (que plus tard) « dans la nuit » :

Jean 19.39-40 : « Puis Yosef vint avec Naqdimon auprès de Yéshoua dans la nuit, apportant un mélange de myrrhe … et oignirent le corps avec de bons et précieux onguents… »[36]

Le texte hébreu indique clairement que le corps de Yéshoua a été oint la nuit et non avant le coucher du soleil. Cela répond donc à notre question. Les événements se sont probablement déroulés de la façon suivante :

Le corps de Yeshoua a rapidement été déposé dans la tombe avant le coucher du soleil.[37] Les femmes ont dû voir que le corps n’avait pas été enterré ni oint correctement, elles ont donc décidé de revenir plus tard – pour oindre le corps de Yeshoua après le grand Shabbat (du premier jour de la Fête des pains sans levain).

Pendant ce temps, après le coucher du soleil, Joseph et Nicodème sont retournés à la tombe. Joseph avait déposé le corps de Yéshoua dans la tombe avant le coucher du soleil (et le début du grand Shabbat), mais il revient avec Nicodème et l’onguent, après le coucher du soleil. À noter que Joseph était déjà impur pour avoir touché le corps mort de Yéshoua, il n’avait donc pas d’autre choix que de célébrer la Pâque un mois plus tard.[38] Il décide donc de revenir et de terminer l’enterrement après le coucher du soleil, durant le grand shabbat, en oignant correctement le corps de Yéshoua. Les récits des Évangiles hébreux montrent que les femmes ignoraient cela, ce qui explique pourquoi elles reviennent après le grand shabbat pour oindre le corps de Yéshoua – elles ne savaient pas que cela avait déjà été fait la première nuit (après le coucher du soleil) par Joseph et Nicodème.

Les sceptiques utilisent les contradictions apparentes du Nouveau Testament grec pour jeter le doute sur la mort, l’enterrement et la résurrection de Yéshoua. Le manuscrit hébreu de l’Évangile de Jean remet les pendules à l’heure, en démontrant qu’il n’y a aucune contradiction et donc aucune raison de douter de la mort, de l’enterrement et de la résurrection du Messie, comme cela est clairement attesté dans les Écritures.

La traduction grecque emploie des mots similaires, mais il s’agit apparemment d’une traduction erronée de l’hébreu original (comme nous l’avons vu précédemment avec Jean 1.10). Comparons la traduction française des textes hébreu et grec :

Jean 19.39 (traduit de l’hébreu) : « Puis Yosef vint avec Naqdimon auprès de Yéshoua dans la nuit, apportant un mélange de myrrhe… ».[39]

Jean 19.39 (traduit du grec) : « Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d’environ cent livres de myrrhe et d’aloès ». [40]

Le ou les traducteurs/éditeurs grecs ont probablement pensé que le texte hébreu comportait une erreur : Matthieu, Marc et Luc disent tous que Yéshoua a été enterré avant le coucher du soleil. Dès lors, comment Jean pouvait-il dire que cela s’était passé la nuit ? Pour corriger cette « incohérence », les traducteurs ont supposé que cette mention de la « venue dans la nuit » devait faire référence à la rencontre initiale de Nicodème et de Yéshoua qui s’était déroulée de nuit. Les traducteurs ont donc ajouté l’expression « qui auparavant » pour changer le sens et « résoudre » la pseudo « contradiction ».

À première vue, cela peut paraître une bonne chose, mais comme nous venons de le voir, une étude attentive des quatre Évangiles montre clairement que la lecture hébraïque est la lecture originelle. La traduction grecque est une interprétation de seconde main, faite par des personnes qui n’étaient pas présentes lors de l’enterrement de Yéshoua et qui n’ont pas compris que Joseph s’est rendu une seconde fois sur la tombe durant la nuit pour terminer l’enterrement.

On pourrait se demander si le texte hébreu n’est pas ambigu et s’il ne pourrait pas être traduit exactement comme la version grecque le rend. La réponse est négative. Pour ce faire, il faudrait modifier ce qui est clairement écrit dans le texte hébreu afin de « corriger » ce qui semble être une « erreur évidente ». Apparemment, c’est exactement ce que les traducteurs et éditeurs grecs ont fait. Ils pensaient corriger une erreur, mais ils ont en fait obscurci la réponse à cette question très importante concernant l’enterrement de Yéshoua.

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Aussi, même si la tradition hébraïque contenue dans le manuscrit Vat. Ebr. 100 semble avoir été préservée en langue catalane,[41] puis retraduite en hébreu, elle comprend de nombreuses preuves linguistiques démontrant qu’il est impossible qu’elle puisse dériver du grec ou de l’araméen ou de la version latine de Jérôme, comme certains le prétendent. Par conséquent, la version catalane à travers laquelle le texte hébreu a été préservé doit provenir d’un manuscrit hébreu authentique.

Nous espérons que les points abordés et les preuves d’authenticité présentées ci-dessus – bien que loin d’être exhaustifs – susciteront un intérêt chez le lecteur pour étudier plus en profondeur l’Évangile hébreu de Jean et permettra d’apprécier chaque cas où il diffère des traductions classiques basées sur le grec. Les Évangiles hébraïques ont énormément à nous apprendre ! Bien entendu, le mieux est d’étudier le manuscrit hébreu ; nous espérons que cette traduction sera utile à ceux qui découvrent l’hébreu, ainsi qu’à tous ceux qui ne lisent pas encore l’hébreu.

Les Évangiles Hébreux
Les Évangiles Hébreux avec transcription du texte hébreu

À paraître…


[1] Nom hébreu de l’Espagne

[2] Nom hébreu de Jésus.

[3] Le mot Tanakh est un acronyme hébreu qui signifie « Torah, Nevi’im, Ketuvim » ou, en français, « La Loi, les Prophètes, les Écrits ». En d’autres termes, le mot Tanakh désigne l’ensemble de ce que l’on appelle « l’Ancien Testament ».

[4] Psaume 2.6-12 (La Bible des Racines Hébraïques).

[5] Les deux premières lettres du mot Elohim (alephlamed) forment le mot El, la forme abrégée du mot Dieu au singulier.

[6] Isaïe 9.6-7 (BRH).

[7] Voir par exemple les Psaumes 89.26-28 ; 72 ; 2 Samuel 7.13-16 ; 1 Chroniques 17.12-14 ; 22.10 ; 28.6-7 et de nombreux autres passages. Certains anti-missionnaires avancent que Salomon a accompli ces prophéties et que cela ne concerne pas Yéshoua. Cette affirmation n’est pas recevable, car la prophétie d’Isaïe 9 concernant le Fils qui règnera sur le trône de David a été donnée longtemps après la mort de Salomon.

[8] Eloah est la forme singulière d’Elohim, Dieu, en hébreu.

[9] Jean 1.1, traduction du manuscrit Vat. Ebr. 100.

[10] Elohim (Dieu).

[11] Jean 20.31, traduction du manuscrit Vat. Ebr. 100.

[12] Jean 1.11-12, Segond Nouvelle Édition de Genève – 1979 – NEG.

[13] Les chapitres 1 à 10 des Actes des Apôtres – qui couvrent 7 à 10 ans d’Histoire – montrent clairement que les premières assemblées messianiques étaient exclusivement juives. Ce n’est qu’après l’évangélisation de la famille de Corneille que les croyants juifs vont évangéliser les non-Juifs (cf. Actes 11.19-21).

[14] Jean 1.10-11, traduction du manuscrit Vat. Ebr. 100.

[15] Pour faciliter la lecture, la plupart des références aux textes grecs et hébreux seront translitérées en français.

[16] Jean 1.14, traduction du manuscrit Vat. Ebr. 100.

[17] Jean 1.29, traduction du manuscrit Vat. Ebr. 100

[18] Le Messie est appelé « Elohim » à la fois dans l’Ancien et le Nouveau Testament – voir par exemple Hébreux 1.8-9 (une citation du Psaume 45.6-7) ; Matthieu 1.23 (une citation d’Isaïe 7.14) ; Isaïe 9.6-7 ; Jean. 1.1 ; 10.30 (où Yéshoua dit – en faisant allusion à Isaïe 9.6 et Deutéronome 6.4 – « moi et le Père sommes un »). À noter que la définition hébraïque du mot « un » est souvent plus proche de la définition française du mot « uni », et donc, d’après le Tanakh, deux personnes distinctes peuvent être une (cf. Genèse 2.24).

[19] Le mot Elohim est un mot pluriel, mais lorsqu’il définit le Créateur, il est toujours conjugué au singulier. En revanche, lorsque le mot Elohim définit des humains (les juges), des « faux » dieux ou des anges (des êtres spirituels), le verbe est toujours conjugué au pluriel.

[20] Littéralement « faible, rien ».

[21] Psaume 96.5 (Bible des Racines Hébraïques).

[22] La paronomase est une figure de style qui rapproche deux mots qui ont un sens différent, mais qui se ressemblent par leur sonorité ou leur orthographe.

[23] כָּל־אֱלֹהֵ֣י הָעַמִּ֣ים אֱלִילִ֑ים.

[24] πάντες οἱ θεοὶ τῶν ἐθνῶν δαιμόνια.

[25] Voir par exemple, Matthieu 1.21 dans la traduction de Franz Delitzsch.

[26] ἡ ἀλείψασα τὸν Κύριον μύρῳ

[27] Transcrit en lettres majuscules : דין הדא איתיה הי דמשחת בבסמא רגלוהי דישוע

[28] Franz Delitzsch : אשר משחה את האדון בשמן המור,

Dalman/Delitzsch : אשר משחה את האדון במרקחת

Salkinson/Ginsburg : אשר משחה את־האדוֹן בשמן רקח

Notez qu’aucune de ces traductions du grec à l’hébreu ne contient la rime interne.

[29] שמשחה [ישוע] משיח במשיחה

[30] L’orthographe des noms hébreux est standardisée dans nos traductions. Voir ‘À propos de la traduction’ pour plus d’informations sur l’orthographe des noms hébreux dans le manuscrit Vat. Ebr. 100.

[31] Jean 1.10, NEG, du grec Textus Receptus.

[32] Jean 1.10 traduction du manuscrit Vat. Ebr. 100.

[33] Voir également Jean 8.25-26 dans le traduction de l’Évangile hébreu de Jean.

[34] Un bon exemple se trouve dans Job 7.6 : « Mes jours sont plus rapides que la navette d’un tisserand, et s’achèvent sans espoir ». Le mot hébreu traduit ici par « espoir » est le mot tiqwah qui pourrait également signifier « fil ». Le jeu de mots est évident dans le contexte de la navette du tisserand : « Mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand, et s’achèvent sans fil (espoir) ». Jean 1.10 pourrait bien contenir un jeu de mots similaire à double sens, montrant que Yéshoua a créé à la fois le monde actuel et l’éternité.

[35] Dans les traductions du grec en hébreu, la préposition dans impose au mot olam la signification de « monde ». Ici, le sens « éternel » n’est même pas envisageable.

[36] Jean 19.39-40, traduction du manuscrit Vat. Ebr. 100

[37] C’est-à-dire avant le commencement du premier jour de la fête des pains sans levain qui est un jour chômé (comme un shabbat). Dans les Écritures, un jour commence à la tombée de la nuit, pas à minuit.

[38] Voir Nombres 9.6-13. Les femmes qui n’ont pas touché le corps de Yéshoua après sa mort pouvaient célébrer la Pâque et se reposer le jour du grand shabbat (qui n’était pas un shabbat hebdomadaire). Mais ceux qui avaient touché le corps ne pouvaient pas célébrer la Pâque ce jour-là. Ils la célébreraient un mois plus tard.

[39] Jean 19.39, traduction du manuscrit Vat. Ebr. 100.

[40] Jean 19.39, traduction LSG.

[41] En fonction de la technique de traduction employée, l’hébreu peut très bien être conservé dans une autre langue, en conservant sa teneur originelle. La traduction grecque de l’Ancien Testament par Aquila en est un bon exemple, si nous la comparons à la traduction grecque des Septante. La traduction des Septante paraphrase souvent l’hébreu originel et utilise plusieurs mots grecs pour traduire un même mot hébreu. Parfois, un seul mot grec est utilisé pour traduire plusieurs mots hébreux. La Septante fournit en outre des prépositions, etc. Selon la grammaire grecque, la Septante change parfois l’ordre des mots pour qu’ils soient lisibles en grec, et elle fournit souvent le sujet. Ainsi, lorsque l’on tente de retraduire la Septante grecque en hébreu, même les érudits les plus expérimentés sont souvent en désaccord sur la façon de retraduire un mot grec particulier en hébreu, et donc le texte hébreu originel derrière la traduction de la Septante ne peut pas être récupéré avec certitude et précision. En revanche, la traduction d’Aquila qui a été faite mot à mot est une traduction très exacte, très littérale. L’encyclopédie juive affirme : « La caractéristique principale de la version d’Aquila est son hyper littéralité. Son objectif principal était de rendre l’hébreu en grec mot à mot, sans aucun égard pour l’idiome grec. Un même mot grec est régulièrement employé pour un même hébreu, même si l’effet est incongru ». En fait, la traduction d’Aquila est tellement littérale que dans de nombreux cas, elle n’a pas beaucoup de sens en grec ! Cette traduction hyper littérale a préservé le Tanakh hébreu beaucoup plus efficacement que la traduction des Septante, et l’encyclopédie juive affirme que « l’on peut reconstituer avec certitude le texte hébreu original sous-jacent à la traduction d’Aquila ». Il est de même avec le manuscrit Vat. Ebr. 100. En étudiant le Vat. Ebr. 100, nous voyons de nombreux exemples où le texte hébreu a été très bien préservé par le processus de traduction hébreu > catalan > hébreu.